Per aspera ad astra !

Les avant-gardes yiddish : 1917-1926

Moyshe Broderzon, « Tsu di shtern » (Vers les étoiles), illustration par Yitskhok Brauner, in Khalyastre, n° 1, Varsovie, 1922

Après la mort de ses trois « classiques », Yitskhok-Leybush Peretz (1852-1915), Sholem-Aleykhem (1859-1916) et Mendele Moykher-Sforim (1836-1917), la littérature yiddish connaît un nouvel âge d’or : cherchant à réinventer l’art yiddish en transformant radicalement ses formes et ses sujets pour les adapter aux changements du monde moderne, une nouvelle génération d’écrivains produit des oeuvres qui frappent encore aujourd’hui par leur beauté et leur puissance.
Dans un bouillonnement de créativité sans précédent, des groupes avant-gardistes surgissent dans les grands centres de la culture ashkénaze : Varsovie, Łódź, Vilnius, Kiev, Moscou et New York. Influencés par les courants artistiques contemporains comme l’expressionnisme, le futurisme et l’imagisme, poètes et artistes se servent aussi des motifs de la tradition juive et chrétienne pour dire la vie moderne et les traumatismes de l’époque : la Grande Guerre et les pogromes. Les plus grands peintres contemporains, tels Marc Chagall ou El Lissitzky, participent à l’édition de revues et de livres yiddish qui deviennent de véritables oeuvres d’art.
Cette exposition couvre les années 1917 à 1926, marquées par l’émergence et la disparition d’une multitude de groupes d’avant-garde des deux côtés de l’océan. L’avant-garde yiddish ne s’éteint pourtant pas à la fin de cette période. Elle continue à rayonner pendant plus d’une décennie, notamment dans l’activité de groupes tels que Yung-Vilne (1929-1940) ou de la revue Tsushtayer (1929-1931) de Lemberg.

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